le chasseur de geais (2)
Le chasseur de Geais (2)
Suite de ce lamentable récit.......
Depuis
plusieurs jours, il retournait souvent au même endroit, c’était un bon
coin. Comme tous les bons coins (exemple : les coins à champignons,
non ! pas les coings aux champignons, je sais que vous aimez les
recettes zarbies mais je ne vous conseille pas le mélange, car c’est un
coup à rester dans un coin de morgue avec de mauvais champignons) cela
ne se dit pas, ou alors sous la torture.
Le
pire, c’est le coin à morilles, d’ailleurs les gens se cachent et
attendent le moment idéal pour se dissimuler et chercher les « Morilles
dans la brume ».
Un coin de chasse c’est moins important, mais cela reste tout de même secret.
Il
revenait donc le soir à la nuit tombée, avec trois, quatre geais ou
pies, cela déjà n’était pas normal, il faut savoir que les geais et les
pies sont rarement vus ensemble, ils se détestent et s’évitent, ils
mangent quelquefois la même chose au même endroit (exemple, les
cerises) mais à des heures différentes.
Le
matin, il partait à nuit noire, bien qu’il soit interdit de se déplacer
dans la colline et ailleurs, avec un fusil à la bretelle de nuit,
mais de cette façon personne ne le suivait.
Lui, n’avait
rien dit sur le nombre de ces oiseaux tués, mais sa femme Adèle, et oui
« la putaing d’Adèle »* était une vraie pie (une de plus à passer à la
casserole, non ce n’est pas un remake d’Hannibal) au village, toujours
à jacasser autour du lavoir communal, à embrouiller les choses simples,
à manigancer de fausses intrigues (bèè, oui il n’y avait pas Qui veut
gagner des millions ou Dallas, TV niet, alors on s’amusait au dépends
des autres) à inventer de fausses liaisons, bref la peste finie.
Le
lavoir communal était pire qu’un petit carroulet* bien gentil, pourtant
les carroulets disséminés dans les quatre coins du village n’étaient
pas tendres, mais je vous ferai un article sur les carroulets, il n’en
reste qu’un dans mon village.
Donc,
l’Adèle avait dit que son masclé* de mari ramenait plein de gibier,
sans préciser le genre. Cela lui donnait de l’importance, un Masclé,
bon chasseur (elle oubliait un peu simple) qui tire bien, ça c’est un
homme (Jupi tombe pas dans le grivois).
Presque
tous les jours, sont Zhom ramenait ou des Agasses*, ou des Gay. Il
fallait les plumer, et les vider soigneusement, ces bestioles ça mange
n’importe quoi, des fruits, des glands, des insectes, des petites
musaraignes, et des charognes bien sûr.
L’Adèle
faisait ses fricots, avec de bonnes olives blanchies, plein d’autres
bonnes choses pour donner du goût, ou plutôt masquer le goût, et zou*
une Grosssssse heure de cuisson, car la chair n’est pas très tendre, es
un pauou raide aquo, sabès (c’est un peu raide ça, vous savez).
Elle
commençait à se lasser tout de même, elle avait bien essayé de faire
des terrines, mais il fallait acheter le foie de porc, alors !!!! Ce
n’était pas la grande richesse à cette époque, on comptait encore, et
même deux fois. Le
réfrigérateur et le congélateur n’existaient pas dans nos villages.
Elle avait pensé aux conserves, mais il fallait garder les pots pour
les fruits et légumes, et les pots cela coûtait cher aussi.
Elle avait donc commencé
à donner de son fricot à ses vieilles voisines, à qui un peu de viande
faisait le plus grand bien, Adèle était une vipère, mais elle avait un
« peu » de cœur, et puis on ne jette rien ici. *
putaing d’Adèle : oui, nous on met un g à la fin, gros mot,
interjection commune, genre « oh la putaing d’Adèle, je me suis niqué
le doigt avec cet enculé de marteau de merde , saloperie de con, vaï »
ici il n’y a que le vaï qui est correct, mais des "phrases" comme ça il
y en a des tonnes en Provence. Donc Adèle n’y est pas pour grand chose,
mais je pense qu’une Adèle a dû faire la putain il y a longtemps... * carroulet : réunion de quelques personnes sur un banc à un endroit précis et à une heure donnée.
* masclé : Un mâle, un vrai « Aquèou es un mascle » (celui là , c'est un mâle). * agasse : pie commune, agaçon petite pie encore dans le nid.
*zou : zou s’accompagne souvent de vaï , Zou vaï (nous y allons , alors), bref il faut demander à Nadine de Trans si vous voulez une traduction exacte.